J’ai toujours voyagé. Plus ou moins selon les périodes, les événements de la vie, les finances. Mais le voyage a toujours été au centre de mes préoccupations et de mes rêves.
Cette passion est un héritage familial.
Chaque année, mes parents préparaient longuement le voyage de l’été à venir : il y avait d’abord le choix d’une destination, généralement accessible en voiture ; puis les soirées passées à étudier l’itinéraire sur un atlas, et à feuilleter le Guide du Routard, notre bible ; et l’arrivée, enfin, des grandes vacances d’été.
Après un mois de juillet à la montagne avec notre grand-mère, août était là.
La préparation des bagages pouvait commencer, ma mère empilait les sacs et le matériel de camping dans un coin, mon père s’inquiétait, « ça ne rentrera jamais dans la voiture », mais ça finissait toujours par rentrer, au centimètre près, et un matin, c’était le grand jour, installés tous les 5 (mes parents, mes soeurs et moi) dans la voiture familiale, nous étions prêts à partir à la découverte d’un nouveau pays.
Nous avons sillonné une bonne partie de l’Europe de cette façon, en mode itinérant, souvent hors des sentiers battus : la France évidemment, mais aussi l’Espagne, le Portugal, le Maroc, la Tunisie, l’Italie, la Sicile, la Yougoslavie, l’Angleterre, la Suisse, l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie, la Tchécoslovaquie, etc.
J’ai aussi eu la chance de partir un peu plus loin, à l’occasion de séjours linguistiques puis professionnels, aux Etats-Unis, en Russie.
J’ai gardé de ces voyages le goût du dépaysement, de l’aventure, du road trip : j’ai souvent la bougeotte en vacances, avaler des kilomètres ne me fait pas peur, et je n’aime rien tant qu’être surprise, par une rencontre, un lieu, un plat, une coutume, une langue…
Maman à mon tour, j’ai eu envie de transmettre à mes enfants, Oscar et Liam, cette ouverture d’esprit et cette curiosité vis-à-vis du monde qui nous entoure. C’est d’ailleurs le rôle que je préfère dans celui de mère : leur faire découvrir d’autres modes de vie, d’autres paysages, leur ouvrir les yeux sur notre statut privilégié, et essayer d’aiguiser leur conscience écologique et citoyenne.
Je ne voyage malheureusement pas autant que ce que j’aimerais, mais entre deux grands voyages à l’étranger, j’essaie d’organiser des escapades plus accessibles. Il y a tellement de belles régions en France, une telle diversité des paysages dans un si petit pays, la Bretagne, l’Auvergne, les Alpes, l’Alsace, le Pays Basque, la Corse, la Côte d’Azur, Paris, etc…
Et quand bien même je ne pars pas, comme tout accroc au voyage qui se respecte, je fais régulièrement des escapades purement virtuelles, vérifier les prix d’un vol Marseille/Antananarivo, regarder les hébergements à Tokyo, ou rêver sur les pages d’un carnet de voyage en Namibie, juste pour le plaisir de s’évader un moment.
Lorsque le projet d’un futur voyage se précise, que l’on tombe d’accord sur une destination en adéquation avec nos envies respectives et mon budget, commence alors la phase de préparation, qui participe de moitié, pour moi, au plaisir de voyager : j’adore me documenter, lire des guides de voyage, recueillir les avis des uns et des autres, envisager différents itinéraires, me projeter dans un périple encore inconnu, pour ensuite confronter cet imaginaire nourri de lectures, d’images et de discussions à la réalité d’un nouveau pays.
Les grands voyages ont ceci de merveilleux que leur enchantement commence avant le départ même. On ouvre les atlas, on rêve sur les cartes. On répète les noms magnifiques des villes inconnues – Joseph Kessel.
Pour moi, le voyage est une histoire de carte routière dont on s’imprègne longuement : j’affiche celle du pays à venir des mois à l’avance dans la cuisine, et cela alimente les discussions de nos repas en même temps que cela participe à l’éducation géographique de mes enfants. J’avoue d’ailleurs détester le GPS et son côté directif, qui laisse peu de place à l’improvisation : aller d’un point A à un point B par le plus court chemin est à l’opposé de ce que je recherche quand je voyage, j’apprécie au contraire de suivre l’inspiration et prendre les chemins détournés.
Voyager, c’est aussi une histoire d’émotions véhiculées par des mots, et j’aime ce travail-là d’écriture, se servir de la richesse de notre langue pour essayer de retranscrire et partager une expérience, un vécu éloigné de notre quotidien. Si je me lance d’ailleurs dans ce blog aujourd’hui, c’est encouragée par les retours positifs de mes proches sur les récits quotidiens de mes périples : beaucoup m’ont dit avoir voyagé par procuration en les lisant, avoir eu froid aux pieds avec moi en Islande, ou ressenti avec moi la moiteur tropicale de Thaïlande.
A ce sujet, bien que travaillant dans le web depuis 15 ans, je suis un peu old school et peu friande des hashtags, tweets et autres photos instagramées, où tout le monde se retrouve plus ou moins avec les mêmes photos de voyage. Loin d’être une photographe talentueuse, et dépourvue de compétences techniques dans ce domaine, j’aime néanmoins essayer de garder une trace visuelle de ce qui se déroule sous nos yeux, ne serait-ce que pour s’y replonger avec délice une fois de retour.
Enfin, voyager va de pair, selon moi, avec des valeurs de tolérance et d’ouverture, un goût pour l’inconnu, que je souhaite transmettre à mes enfants. Quelque part, j’aurais aimé être ce prof d’histoire-géo, Jean-Pierre Aurières, qui fait voyager ses élèves de Saint-Denis un peu partout dans le monde, pour leur apprendre l’altérité et la solidarité.
Le monde est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n’en lisent qu’une page – Saint Augustin.