Bilan Islande

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Alors, que dire de ces 17 jours en Islande ?

Ce n’était pas un voyage facile, d’une part parce que c’est un pays rude, d’autre part parce que nous avons voyagé en mode plutôt roots.
Je le savais avant de partir, mais je n’avais pas imaginé que nous aurions aussi mauvais temps. Mis bout à bout, je pense que nous avons dû avoir 3 jours de soleil sur 17, ce n’est pas beaucoup, et ça tape un peu sur le système au bout d’un moment. Les islandais disent que cela fait plusieurs années que les étés sont pourris, c’est dommage car le voyage aurait été complètement différent avec un temps plus clément.
J’ai l’impression d’avoir dû lutter pendant quasiment tout le séjour contre les éléments, le vent, le froid, la pluie, le brouillard. Et nous n’étions définitivement pas assez équipés pour affronter sereinement ce climat : il aurait fallu, même en juillet, un équipement d’hiver (vêtements chauds coupe-vent et imperméables, gants, écharpes, bonnets, chaussures qui ne prennent pas l’eau). Du coup, chaque fois que nous devions sortir de la voiture, il fallait un peu se motiver, et c’était usant à la longue.
A côté de cela, je n’ai pas forcément choisi la facilité en optant pour le road trip avec nuit dans la voiture. Là aussi, c’était un peu une lutte de tous les instants, pour dormir, se laver, avoir des fringues propres et sèches, se reposer, manger, etc (encore plus dans la kangoo que dans le van, forcément). A vrai dire, ce n’est pas tant le manque de confort qui m’a gênée (je me suis même plus ou moins habituée à dormir en boule sur le siège avant), c’est le fait que nous ne pouvions jamais vraiment nous poser, puisque même en arrivant à nos étapes du soir, nous restions encore dans la voiture (vu le temps, pas moyen de se poser dans l’herbe à côté).
Nous avons donc vécu grosso modo 17 jours dans une voiture, qui plus est, toujours humide et boueuse. C’est pour cette raison d’ailleurs que nous n’avons pas fait de camping sauvage (interdit ceci dit) : nous étions plutôt contents le soir de pouvoir parfois profiter d’une salle commune chauffée et de sanitaires.

J’ai beaucoup réfléchi à la question de savoir quel est le meilleur moyen de voyager en Islande, et je n’ai pas la réponse.
Le faire en vélo ou moto, vu le climat, quelle horreur ! Idem en trek rando sur plusieurs jours, comme beaucoup le font, il faut vraiment avoir la condition physique et morale pour…
Pour avoir la liberté d’aller où l’on veut, y compris un peu dans l’intérieur du pays, un 4×4 me semble un plus. Après, il faut aussi se sentir des passages un peu techniques, par exemple traverser des gués, et ça, je ne m’y serais pas risquée seule avec les garçons (des français croisés à Mytvan m’ont raconté avoir traversé des gués où l’eau arrivait au niveau du capot).
Quant à la question de l’hébergement, c’est compliqué. Le camping avec une tente, il faut avoir une sacrée motivation pour la monter et démonter chaque jour ou presque sous la pluie et le vent (autant nous luttions un peu dans notre voiture, autant ça avait l’air bien pire pour les campeurs que je voyais galérer avec leurs tentes trempées).
Le mieux est sans doute de dormir le soir en guesthouses, hôtels ou même auberges de jeunesse, mais là encore, ce n’est pas simple car tout est complet en juillet/août, et il me semble risqué de réserver à l’avance (vu le temps, c’est fort appréciable de pouvoir changer son itinéraire). Sans compter que les hébergements sont généralement hors de prix (en moyenne 100-150€ la nuit pour un truc très basique), et très souvent moches. J’ai vu sur notre itinéraire des guesthouses que j’avais repérées en préparant le voyage, et franchement, cela ne donnait pas très envie, baraques en tôle ou en préfabriqué plutôt sordides, au milieu de nulle part.
Au départ, j’avais en tête de réserver 4-5 points de chute à l’avance, et de rayonner autour, mais les forums que j’avais lus sur l’Islande m’en avaient dissuadée, et je confirme : vu la disposition des différents sites, cela nous aurait obligés à faire beaucoup d’allers/retours sur des routes pas toujours faciles.
Donc au final, notre formule « camping dans la voiture » n’était pas si mal que ça, et j’étais bien contente de ne pas avoir de contraintes de points de chute, et de pouvoir aller là où j’en avais envie.

Niveau nourriture, ce n’est pas simple non plus (rien n’est simple en Islande en fait ;)). Nous avons très bien mangé dans les restos (en suivant les conseils du Guide du Routard), mais c’était cher. Le reste du temps, ce n’était pas terrible, aussi bien dans les take-away (généralement dans les stations-service, qui font aussi bar, supermarché, poste, etc, puisqu’un bled = 3 maisons + 1 station-service), que dans les supermarchés (rien ne fait envie, tout est sous vide, il y a très peu de choix, essentiellement de la charcuterie fumée, du poisson séché/fumé, des abats de mouton, et tout ce que nous avons testé était plutôt décevant). Un bon plan quand même : il y a absolument partout des soupes du jour avec pain, pas chères (7€), et toujours bonnes (notamment celles au poisson ou à l’agneau).

Nous avons eu peu de contact avec les islandais, le road trip s’y prête peu, mais comme je le disais, nous avons toujours été accueillis avec beaucoup de gentillesse (c’est un peu moins vrai dans le sud, qui est plus touristique que le reste du pays). Après, il y a toujours une certaine distance, la « réserve nordique » je suppose.
Il y a peu d’endroits où nous avons eu envie de nous attarder. Les villes et villages n’ont strictement aucun intérêt, ce sont généralement quelques maisons moches en tôle brute ou constructions type HLM en béton gris. Ce qui est dommage en fait, c’est qu’il n’y a pas d’atmosphère particulière, d’ambiance comme on peut en trouver dans certains pays, du moins nous ne l’avons pas vraiment ressentie (un peu à Reykjavik le dernier soir, et à Seydisfjördur, où nous avons passé une très bonne soirée), sans doute à cause du temps…

Donc si on vient en Islande, ce n’est ni pour le climat, ni pour la nourriture, ni pour l’ambiance, ni pour l’architecture, vous l’aurez compris. Non, si on vient en Islande, c’est définitivement pour la nature et ses paysages incroyables. Il faut être amateur de grands espaces et de solitude, et avoir le goût de la découverte. A part à Dettifoss, Jökulsarlon et Gullfoss, nous n’avons croisé quasiment personne, nous avons roulé des heures sur des routes désertes, nous avons dormi dans des campings vides. La nature est très impressionnante, vertigineuse dans son immensité, grandiose sous le soleil, angoissante sous la pluie. J’ai pris pas mal de photos, mais je suis à peu près sûre que cela ne rendra pas compte de ce que nous avons vu/ressenti. A chaque instant ou presque, il aurait fallu pouvoir faire des panoramiques, pour tenter de capter cette impression d’être minuscule au milieu de paysages à 360 degrés.

Evidemment, le temps a beaucoup influencé notre jugement, et à quelques exceptions près, les endroits que nous avons aimés sont ceux où il a fait « beau ». J’essaie de me consoler en me disant que nous avons vu l’Islande sous son « vrai visage », càd avec un temps pourri, mais quand même, il faut avouer que c’était super pénible. Cela aurait pu être pire ceci dit, nous aurions pu avoir 15 jours de vent glacial comme au début du séjour…

Nous retenons tout particulièrement :
– À l’ouest : Reykjavik, la péninsule de Snaefellsnes, les fjords entre Patreksfjördur et Isafjördur.
– Au nord : la région de Mytvan, le parc de Jökulsargljufur.
– A l’est : Seydisfjördur (et Mjoifjördur sans doute).
– Au sud : le lac glaciaire Jökulsarlon, le glacier Vatnajökull, Dyrholaey, Thakgil, Landmannalaugar, Thingvellir (Skaftafell et Thorsmörk doivent aussi valoir le coup).
– J’aurais aimé voir un peu plus l’intérieur du pays, mais pas faisable seule avec les garçons (conduite 4×4).

Nous avons aimé sentir cette terre en ébullition, toutes les manifestations volcaniques, geysers, solfatares, marmites de boue, champs de lave, fumerolles, un peu l’impression d’être sur une cocotte-minute. J’ai vu que cette semaine, il y a eu 380 tremblements de terre en Islande, la plupart avec une magnitude inférieure à 3, mais quand même, ça bouge tout le temps, surtout sous les glaciers (d’ailleurs, nous avons testé un simulateur de tremblement de terre de 6.6 à Hveragerdi, impressionnant !).
Nous avons aimé la diversité des paysages, les fjords, les falaises, les volcans, les glaciers, les canyons, les cascades, les vallées, les montagnes, les plages, etc, c’est très varié en fait, beaucoup plus que ce que je pensais.
Nous avons aimé les couleurs des paysages, dont les contrastes auraient été encore plus saisissants sous le soleil.
Nous avons aimé ce jour perpétuel, qui gomme les contraintes jour/nuit, et donne un incroyable sentiment de liberté.
Nous avons aimé les macareux et le bébé renard.

Nous avons fait plus de 4000 km en 17 jours, c’est beaucoup, surtout pour les garçons, ils en ont eu marre à certains moments, ce qui est normal (moi cela ne m’a pas gêné de conduire tout le temps, j’aime bien ça au contraire). J’avais prévu de faire plus d’activités pour eux, pour couper un peu les journées voiture, par exemple chiens de traîneau, balade sur le glacier, bateau sur le lac glaciaire, balade à cheval, etc, mais nous n’avons quasiment rien pu faire à part les baleines, à cause du temps pourri (ne pas réserver à l’avance des activités en Islande…).
Le timing sur 17 jours était bien pour faire tout le tour de l’île, nous avons eu un jour en trop sur la fin, que nous aurions facilement pu occuper s’il avait fait beau.
Niveau budget, nous avons vécu 2 semaines en Islande sans faire de folie avec le même budget qu’1 mois en Thaïlande sans compter…

En conclusion, ce n’était pas un voyage reposant et facile, loin de là, mais nous avons l’impression d’avoir vécu une aventure un peu en dehors des sentiers battus, des vacances assez inédites, plein d’images dans la tête, je pense que les garçons garderont de bons souvenirs de ce road trip un peu galère.
Prochain voyage au chaud, Bali ou la Californie !

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