Dimanche 13 juillet
Ce matin, nous sommes réveillés tôt par le soleil qui tape fort sur la voiture, nous avons trop chaud, que c’est agréable !
Nous décollons vers 10h, direction le parc de Jökulsargljufur, à 50 km à l’est de Mytvan.
Initialement, j’avais prévu de tracer vers l’est, en faisant juste un crochet par Dettifoss, la fameuse cascade (celle du début du film Prometheus), mais j’ai changé d’avis hier soir : quitte à passer par Dettifoss, autant remonter le parc national jusqu’en haut. Là où j’ai bouletté, c’est que je n’ai pas « recalculé » mon itinéraire, et qu’au final, nous ferons 500 bornes dans la journée au lieu des 350 prévues…
Le parc national de Jökulsargljufur est un canyon traversé par le fleuve Jökulsa a Fjöllum, qui prend sa source dans le glacier Vatnajökull et se jette dans l’océan arctique. Ses portes d’entrée sont Dettifoss au sud et Asbyrgi au nord.
Nous arrivons vers 11h à Dettifoss, il fait gris désormais, et il pleuviote, mais à vrai dire, ce n’est pas très gênant : le paysage est monochrome, un désert gris/noir lunaire, ambiance fin du monde. Dettifoss, c’est la plus puissante chute d’eau d’Europe, 44 m de haut sur 100 m de large, mais avec un débit énorme (200 m3/s).
C’est ultra impressionnant, la rivière charrie des eaux boueuses dans un vacarme assourdissant. Cela me colle aussi un peu le vertige, c’est flippant, et même si ça ne risque rien de là où nous sommes, je garde les garçons à portée de main.
Nous reprenons la route, je veux remonter jusqu’au nord du parc, tout le long du canyon, et j’emprunte pour cela la piste la plus merdique que j’ai faite jusqu’à présent (normalement j’ai le droit de prendre cette piste avec la kangoo, du moins je crois…) : je me tape 60 km de piste façon tôle ondulée, le genre de piste où tu peux rouler max à 30, et où tout vibre atrocement… Nous y passons donc 2h bien galères, entrecoupées de pauses magnifiques pour voir le canyon et d’autres chutes comme celles de Selfoss et Hafragilsfoss. C’est pénible mais ça vaut le coup !
Nous arrivons enfin au bout de la piste, nous achetons des sandwichs à la station essence, et nous allons pique-niquer à Asbyrgi, canyon en forme de fer à cheval, planté de bouleaux. Deux théories tentent d’expliquer la formation de ce phénomène géologique étrange : selon la mythologie, il s’agirait d’une empreinte de Sleipnir, le cheval d’Ondin, qui courait sur terre, mer et air grâce à ses 8 pattes ; plus scientifiquement, le canyon se serait formé à la suite d’une énorme éruption volcanique, qui, en faisant fondre la neige du glacier, aurait provoqué une coulée d’eau monstrueuse. Le sous-bois est tout mignon, couvert de mousse « douilleteuse », comme dirait Liam. Nous faisons ensuite une balade d’1h en haut du canyon, pour essayer d’avoir une vue d’ensemble du fer à cheval, mais nous ne sommes pas assez haut.
Vers 16h, nous repartons, et comme je ne me sens pas du tout la piste tôle ondulée de 60 km en sens inverse, je décide de rejoindre l’est par le bord de mer, ce qui nous rajoute 150 km (dont 50 de piste, mais correcte). Idéalement, il aurait fallu que je fasse une boucle depuis Mytvan en remontant vers le nord pour descendre le parc du nord au sud et reprendre la route vers l’est.
Mais finalement, la balade vaut le détour, nous faisons le tour par le nord-est, nous sommes seuls sur la route, il fait un temps superbe, il y a une belle lumière, jeu de cache-cache entre le soleil et les nuages, parfois nous passons au-dessus de baies enfouies sous la brume alors que nous sommes en plein soleil. Nous traversons quelques bleds sur la route, tout le monde est dehors en débardeur, les gamins font de la trottinette à moitié à poil, on dirait que les gens revivent (et on les comprend) !
Nous arrivons enfin vers 20h au milieu de la côte est, à Egilsstadir, ville plutôt moche à première vue, nous prolongeons jusqu’en bord de mer, à Seydisfjördur. La route pour y arriver est étrange, nous montons jusqu’à un col complètement embrumé, je ne vois pas à 10 m, il y a de la neige partout autour, alors qu’1h avant, c’était l’été. Seysdisfjördur, c’est un village coloré au fond d’un joli fjord, et il y a pour une fois de jolies maisons de couleur en bois qui datent du début XXè. C’est le port d’arrivée de ceux qui viennent en Islande par bateau, depuis le Danemark en passant par les îles Féroé. Et ce fut aussi l’une des plus importantes bases alliées pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Nous passons la soirée dans un café très animé, bonne musique, plein de jeunes qui arrivent vers 22h (d’où sortent-ils ?), très bonne ambiance ! C’est la première fois que nous trouvons un endroit vivant et sympa, qui donne envie de s’attarder…
23h30, nous sortons de là, il faut quand même se caler quelque part pour dormir, nous nous posons au camping du village. Sur la colline à côté, « Seysdisfjördur » est écrit en lettres lumineuses, façon Hollywood ;).
Très belle journée donc, bluffés par les paysages du canyon, et sous le charme de Seysdisfjördur (objectivement, ce n’est pas dément, c’est même plutôt un trou, mais après les patelins tous plus tristes les uns que les autres que nous avons traversés, nous apprécions cet endroit qui a un peu d’âme).
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