Mardi 15 juillet
Nous nous réveillons sous le soleil, mais pas pour longtemps : après la journée brouillard d’hier, aujourd’hui sera une journée grosse pluie. Le climat islandais commence à me taper sur les nerfs !
Nous quittons Höfn et partons vers l’ouest, en suivant la côte. Très vite, nous apercevons de la route différentes langues glaciaires du Vatnajökull, qui « débordent » des montagnes et viennent s’échouer quasiment en bord de mer.
Les paysages sont grandioses, et la pluie donne un caractère assez sinistre à ces imposantes langues glaciaires, facilement atteignables en voiture. C’est tellement puissant… Différentes activités sont possibles sur le glacier (escalade, rando), nous n’y songeons même pas avec le temps, mais quand nous apercevons des randonneurs tout petits perdus sur le glacier, nous frissonnons pour eux.
Le Vatnajökull est le plus grand glacier d’Islande (et d’Europe), il fait la superficie de la Corse avec par endroits 1 km d’épaisseur de glace. Il se trouve entre deux volcans, juste à la verticale d’une montée de magma. Des éruptions ont régulièrement lieu sous le glacier (les dernières datent de 1996, 1998 et 2011) : les cratères percent des cheminées à travers la calotte glaciaire, et des jets de vapeur et de cendre jaillissent à plusieurs kilomètres d’altitude ; au contact du magma, la glace fond et engendre d’énormes coulées de boue.
Nous nous arrêtons ensuite au lac glaciaire Jökulsarlon, accessible à 2 pas de la route (et fort touristique pour le coup). J’avais prévu de faire une balade en zodiac sur le lac au milieu des icebergs, mais il pleut des trombes, nous ne voyons pas grand chose, donc je laisse tomber l’idée, dommage… Nous faisons un rapide tour dehors, nous sommes trempés en 2 secondes, mais c’est quand même extra à voir, paysage polaire avec des icebergs aux reflets noirs et bleus. Les blocs de glace viennent s’échouer ensuite sur la plage de sable noir de l’autre côté de la route. Nous ne restons pas longtemps dehors car, outre la pluie, nous nous faisons agresser par les sternes arctiques, ambiance Les Oiseaux d’Hitchcock !
Nous apprenons que le lac est récent (1930), profond de 200 m, que la couleur bleue est celle des icebergs pas encore oxydés, que l’eau est à 50% salée, 50% douce, et qu’il a été utilisé dans différents James Bond ou Batman Begins.
Nous continuons la route, toujours sous une pluie battante, j’avais initialement prévu de m’arrêter au parc national de Skaftafell, pour faire une petite rando vers le glacier et différentes cascades, mais vu le temps… Nous traçons donc, et passons une partie de l’aprem à rouler et tenter de faire sécher nos fringues.
Sur cette partie-là, la côte sud en elle-même ne présente pas un grand intérêt côté mer : sur plus de 100 km, nous traversons le Myrdalssandur ou « Sandur », sorte de désert de sable noir et blocs de lave, tantôt nu, tantôt recouvert de mousse, entrecoupé d’embouchures marécageuses de fleuves glaciaires.
Je choisis de faire étape pour le soir vers Vik, et j’ai repéré, à une vingtaine de kilomètres au nord, un camping dans un cadre censé être exceptionnel. Pour y arriver, il faut faire 16 km de piste. Voilà typiquement le genre de description qui me donne envie d’aller voir de quoi il retourne ! Et je ne suis pas déçue : la piste n’est pas facile facile, encore moins sous la pluie et dans la brume (parfois même c’est un peu flippant), mais elle est magnifique, nous montons dans la montagne, la route serpente au milieu de splendides paysages, avec cours d’eau et collines escarpées vertes fluo et noires. Après 16 km qui me paraissent 30, nous arrivons au bout de la piste, au camping, une prairie avec une grotte pour s’abriter et 5 cabanes. Il y a 2-3 voitures. Je suis tentée par une cabane pour la nuit (120€ quand même), et en même temps, je suis partagée. Malgré la beauté des paysages (même sous la pluie), je ne me sens pas en sécurité : nous avons traversé, peu avant le camping, des cours d’eau assez torrentiels, nous sommes sur la partie est du glacier qui bouge en ce moment, le Myrdalsjökull, et même si c’est le côté ouest qui craint, je le sens moyen, s’agirait pas d’être surpris par une crûe soudaine… Quoi qu’il en soit, c’est vraiment un coin à faire par beau temps, ce camping du bout du monde à Thakgil !
Nous faisons donc demi-tour pour aller nous poser au camping de Vik, moins sympa mais plus sûr. Le soir, resto à Vik au Halldorskaffi, très bons hamburgers, ce n’est pas raisonnable niveau budget, mais j’ai eu froid toute la journée avec mes fringues mouillées, j’ai besoin d’une pause au chaud avant d’aller dormir dans notre kangoo humide. Rigolade en rentrant après le resto : le camping est plutôt blindé (c’est bien la première fois), je ne trouve aucun coin tranquille pas trop boueux, et là j’avise un champ super chouette et clean, sans personne, je m’y installe, jusqu’à ce que je me rende compte qu’il s’agit du terrain de… golf ;).
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