Jour 2 – Péninsule de Snaefellsnes

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Samedi 5 juillet

Nous partons récupérer notre van à 9h. Le chauffeur de taxi me dit qu’ils ont rarement un temps aussi pourri à cette époque de l’année, super… Il fait encore plus froid qu’hier, et le vent arctique souffle tellement fort que nous avons du mal à tenir debout dans la rue.

J’ai loué un van Toyota Hiace jusqu’à mercredi soir prochain, auprès d’une jeune société islandaise, Kuku Campers, qui aménage notamment des voitures type Kangoo pour que l’on puisse dormir dedans. C’est l’option la moins chère que j’ai trouvée pour voyager en Islande : ce n’est pas donné, mais c’est quand même plus abordable qu’une location de voiture + hébergement (l’option la plus économique reste le camping, encore faut-il se sentir le plantage de tente chaque soir dans le froid et le vent…).

Le gars de Kuku Campers me briefe sur divers sujets, notamment :
– Toujours se garer face au vent pour éviter que les portières ne s’arrachent quand on les ouvre.
– Faire super gaffe aux moutons : le mouton islandais est con, quand il voit une voiture, il fonce dedans au lieu de s’en écarter (et si tu écrases par mégarde un mouton, il faut que tu le paies 500€ à son propriétaire).
– Ne pas stationner pour la nuit en bas d’une pente (coulée de boue) ou au bord d’une rivière (crûe) : ici c’est Dame Nature qui commande, et elle ne rigole pas.
Ambiance…

C'est parti pour le road trip !Sur ce, je récupère les clés du van, nom de Zeus, il est énorme ! Je m’attendais à un gabarit type Combi Volkswagen, je trouve celui-ci gigantesque, glurps… Les garçons kiffent (wahou, c’est grand, et y’a une table, et un frigo, et un évier, et un chauffage…), moi je suis moyennement rassurée.

Petit moment de solitude à la station essence, où je m’y reprends à 10 fois pour arriver à placer le réservoir pas trop loin de la pompe, et où je passe 30 mn à chercher comment s’ouvre ce p***** de réservoir… Un peu honteuse, je me résous à demander de l’aide au pompiste, mais il ne trouve pas non plus. Finalement je finis par trouver le levier, complètement planqué sous le siège.

Opération coursesEtape courses ensuite : les restos sont hors de prix et rarement bons en Islande, donc je vais essayer autant que possible de nous faire à manger. Les supermarchés se faisant rares en dehors des « grandes » villes, mieux vaut se ravitailler avant de partir dans les coins paumés de la côte Ouest, comme j’ai prévu de le faire. Expérience étonnante, le supermarché : il y a très peu de choix, rien qui fait envie, tout a l’air cheap, le packaging est moche, aucune logique dans l’agencement des rayons (les boîtes de thon à côté du pq, et les boîtes de sardines à côté du sucre). Je suis un peu perplexe, moi qui suis pourtant toujours curieuse lorsqu’il s’agit de faire ses courses à l’étranger. C’est difficile de s’y retrouver, l’islandais est impossible à décoder, et les emballages pas du tout explicites. Je galère pour remplir le caddie, et me rabats sur ce que je trouve de plus basique et adapté au van, c’est-à-dire charcuterie, fromage, oeufs, riz, pâtes, thon, biscottes, biscuits, chips… et radis, avocats et concombres pour la verdure. Je prends aussi quelques trucs plus typiques d’ici, style pâte à tartiner de poisson ou salade macédoine avec agneau fumé (on testera le midi, pas vraiment convaincant).

Bref, il est 11h passé quand nous prenons enfin la route, direction la côte Ouest, et plus précisément la péninsule de Snaefellsnes.
Je passe les 3 premières heures de voiture passablement crispée sur mon volant. Déjà parce que le van est gros et que c’est une première pour moi. Ensuite parce que les noms de bleds sont imbitables, et qu’ils me sortent de la tête entre le moment où je regarde le panneau et celui où je baisse les yeux sur ma carte. Enfin parce qu’au bout de 30 km, le voyant moteur s’allume, et accessoirement le compteur kilométrique tombe en panne (j’appelle le gars de Kuku Campers, qui m’explique quelque chose que je ne comprends pas, j’insiste, je suis inquiète, j’envisage de faire demi-tour, mais il me répète plusieurs fois « don’t worry, it’s ok »… hum… bon…). Et pour couronner le tout, il y a toujours de violentes rafales de vent, et il faut que je me cramponne au volant pour rester sur la route.

Parc de SnaefellsjokullL’avantage, c’est qu’il n’y a personne sur les routes, je dois croiser 3 voitures par heure, au moins je ne suis pas stressée par la circulation…

Je me rends vite compte qu’un petit point sur la carte, ce qui semble être un village, c’est généralement 2-3 maisons. Et quand c’est un gros point sur la carte, c’est genre 10 maisons, youhou !
Cette partie de la côte Ouest est censée être l’une des plus sauvages de l’île, et je confirme ! Nous roulons pendant des kilomètres sur des routes désertiques au milieu de paysages impressionnants, entre coulées de lave, côtes battues par les vents, montagnes abruptes verdoyantes ou pelées, larges vallées dégoulinantes de cascades.

Les garçons sont, comme moi, très impressionnés.
Oscar : « Finalement, ces paysages, c’est un peu angoissant ».
Liam : « On se rend bien compte ici que l’homme est tout petit par rapport à la nature, on se sent minuscule ».
Et c’est vrai que ces magnifiques paysages ont un côté un peu oppressant, d’autant qu’il fait un temps assez abominable. J’imagine que si j’étais avec un autre adulte, mon impression serait différente, mais là, seule avec mes 2 enfants dans un gros van au milieu de nulle part, j’avoue, je n’en mène pas large (et j’avoue aussi, j’aime bien ça).

Nous ne sortons quasiment pas du van, il fait trop froid, la température oscille entre 4°C et 6°C.
Vers 15h, nous faisons une longue pause à Budir (1 hôtel, 1 église), pour manger au chaud dans le van et reprendre des forces.
Nous continuons ensuite la route le long de la péninsule : c’est en fait une chaîne volcanique qui se termine par le fameux glacier Snaefellsjökull, sorte de Fuji-Yama islandais, qui a notamment inspiré à Jules Verne le point de départ de son Voyage au Centre de la Terre. Nous n’en voyons pas grand chose car il est perdu dans les nuages aujourd’hui. Prenant de l’assurance, je tente une piste qui permet de s’en approcher au plus près, mais je finis par faire demi-tour, car ça monte raide et la visibilité est mauvaise (génial par contre les roues 4×4 du van sur les pistes, ça tient super bien).

Un peu plus loin, à Djupalon, nous tentons une sortie hors du van pour aller voir une plage de sable noir, connue parce que c’est ici que les marins du coin venaient soulever des rochers allant de 24 à 154 kg, le seuil pour être recruté étant 54 kg. La plage est aussi jonchée de morceaux d’épave d’un navire anglais qui coula dans les années 50. C’est plutôt chouette, la lumière est belle, mais nous ne tenons pas plus de 15 mn dehors…
Vers 18h, nous nous arrêtons aux grottes de lave de Vatnshellir, et passons 1h sous terre à nous déplacer dans 3 grottes de lave successives qui datent de 8000 ans. Le guide nous explique notamment que lorsque la lave durcit en surface, elle continue à couler en dessous, ce qui crée ces grottes, une fois la lave tarie.

Première nuit dans le vanNous reprenons ensuite la route vers la dernière étape de notre journée, Stykkisholmur. C’est le gros village de la péninsule, il y a un petit port coloré, quelques maisons et commerces, et même un hôpital, mais ce n’est pas bien grand quand même.
Il est 20h, nous allons nous poser dans le camping du coin, qui est sur un golf, en espérant profiter des sanitaires… mais les douches sont à ciel ouvert, et moi je ne prends pas ma douche à moitié dehors par 4 degrés ! Donc toilette sommaire, lingettes, et nous essaierons de faire mieux demain. Nous mangeons un bout dans le van, et nous installons pour la nuit, nous sommes plutôt bien, c’est spacieux, confortable, et il ne fait pas trop froid. Les garçons s’endorment quasiment tout de suite, moi j’ai plus de mal avec toute cette lumière, et j’en profite pour écrire ce mail.

Nous avons fait 300 bornes aujourd’hui (je roule rarement à plus de 70 km/h), journée assez intense en émotions, pas mal de stress au départ, paysages vraiment impressionnants, mais nous sommes contents, c’est très très dépaysant.

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