Mardi 8 juillet
La nuit prend fin pour moi à 5h du matin, Oscar a très mal à l’oreille droite. J’ai prévu divers médocs, mais rien pour les otites, ce qui est idiot… J’essaie de le faire tenir malgré tout jusqu’à 8h, nous nous préparons sous la pluie, tout est humide et boueux, c’est super désagréable. Serait-ce une journée de la loose qui s’annonce ?
Je pars à la recherche d’une pharmacie, la pharmacienne ne veut rien me donner, et me dit d’aller à l’hôpital. Nous nous rendons donc à l’hôpital d’Isafjördur, qui détient la palme de l’hôpital le plus sinistre que j’ai testé : un bâtiment sordide et vieillot, tout kaki et orange à l’intérieur, avec une odeur de vieil oignon. La femme de l’accueil me dit qu’il n’y a pas de place aujourd’hui, qu’il faut prendre rendez-vous pour demain. Je lui explique que cela ne va pas être possible, j’insiste pour voir quelqu’un. Au bout d’1h, un médecin vient finalement nous chercher, qui confirme l’otite, me donne une ordonnance, et me dit que si je n’ai pas la carte d’assurance santé européenne, cela va me coûter cher (of course, je ne l’ai pas… mais ce n’est que 50€ au final).
Nous repassons à la pharmacie prendre les médocs, puis plein d’essence + 2-3 courses, et zou, vers 11h, nous sommes sur la route. Nous faisons un saut à Sudureyri, censé être un petit port mignon eco-friendly, avec un atelier de transformation du poisson sympa à visiter. Sous la pluie et dans le brouillard, l’endroit n’a rien de sympa, c’est plutôt cafard, et surtout l’odeur de poisson est pestilentielle, même vitres fermées dans la voiture, c’est difficile à supporter. J’avais hésité à m’arrêter ici hier soir pour la nuit, j’ai bien fait de m’abstenir.
Du coup, nous attaquons directement la route de retour des fjords, route fameuse en Islande, surnommée « le Djup », abréviation de Isafjardardjup, cet immense fjord qui relie une série de fjords plus petits, qu’il faut contourner les uns après les autres, sur près de 200 km, entre Isafjördur et Holmavik. C’est beaucoup moins beau qu’hier, et puis sous la grisaille, bof. Oscar dort une bonne partie du trajet, moi je lutte un peu contre le sommeil, il faut dire que la luminosité n’aide pas. Nous nous arrêtons en chemin pour observer une colonie de phoques, qui se prélassent, gras et imperturbables, sur les rochers. Comme souvent en Islande, des jumelles sont mises à disposition gratuitement dans une boîte, dans laquelle on trouve également des pots de confiture de la ferme voisine. Je trouve toujours très sympathiques ces systèmes basés sur la confiance.
Je suis super contente d’avoir loué le van 4×4 qui m’a permis de visiter les fjords par les pistes et d’aller où bon me semblait. Sans lui, j’aurais été obligée de prendre le Djup à l’aller comme au retour (les voitures de location non 4×4 n’ont pas le droit de prendre les pistes), et même si les paysages islandais sont très changeants selon qu’on les regarde dans un sens ou dans l’autre, sur le principe, je n’aurais pas aimé prendre 2 fois la même route. Et surtout, nous aurions raté la magnifique piste entre Patreksjfjördur et Isafjördur.
Vers 14h seulement, nous arrivons à notre étape du soir, Heydalur, nous avons fait les 2/3 du Djup. Nous hésitons un instant à rouler un peu plus pour prendre de l’avance sur la longue route de demain. Mais je suis fatiguée, Oscar pas bien en forme non plus, et puis nous ne nous sommes quasiment pas posés depuis le départ, nous décidons de faire une aprem relâche.
L’endroit est très chouette, c’est une sorte de ferme-auberge écolo perdue au fond d’une vallée « et au milieu coule une rivière », après 12 km de piste. Il y a des chevaux, un hot spot (source chaude), une piscine dans une serre où poussent tout un tas de légumes et fleurs, et notamment des framboises, des tomates, des concombres, et même des cerisiers (grâce à la géothermie, les islandais arrivent à faire pousser sous serre quelques fruits et légumes). Et surtout, il y a un bébé renard arctique, tout brun, nourri par la ferme car orphelin. Le renard arctique a une fourrure blanche en hiver, brune en été, et c’est le seul mammifère natif d’Islande, nous avait expliqué le guide des grottes de lave (les autres mammifères, notamment moutons et chevaux, ont été amenés sur l’île par les colons). Evidemment, nous adorons, il est très joueur et pas du tout sauvage.
Les garçons se baignent dans la piscine bien chaude (interdiction pour Oscar de mettre la tête sous l’eau), puis testent leur premier hot spot, ils sont ravis. Il fait gris mais doux, et il ne pleut plus, parfois même le soleil perce les nuages. Nous partons nous balader le long de la rivière, puis les garçons jouent sur une grande aire de jeux, avec tyrolienne, etc. Vers 18h, nous rentrons profiter de la salle à manger de la ferme, et squattons 2h dans la mezzanine, dans un gros canapé en cuir : on bouquine, on surfe sur le net, on boit du thé/coca, on est bien. Il y a là un perroquet Gris du Gabon, très bavard, qui imite notamment les animaux (chat, chien, cheval…), cela nous fait bien rire. Il nous en faut peu en fait, quelques animaux, surtout bébés, et nous voilà comblés ;).
Les islandais sont très serviables et accueillants : nous n’en avons pas croisés beaucoup, mais avons toujours été reçus avec beaucoup de gentillesse, dans les magasins, restos, campings…
Finalement, la journée de la loose, ce n’est pas pour aujourd’hui !
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