Jour 8 - Akureyri, Mytvan

Vendredi 11 juillet

Nous émergeons difficilement vers 9h. La nuit a été bonne pour les garçons, mais pas pour moi : difficile de dormir sans pouvoir allonger les jambes, et puis il a plu fort toute la nuit, super bruyant sur le toit de la voiture…

Nous nous préparons tranquillement, nous prenons une bonne douche bien chaude, je range tout le linge propre, et vers 11h, nous allons bruncher en ville, à Akureyri. Il y a une seule rue commerçante, avec des maisons colorées et une étendue d’eau, c’est plutôt mignon par rapport aux autres bleds que nous avons croisés sur notre chemin. Nous squattons 1h dans un café sympa, avec wifi, les garçons prennent un petit dej avec pain maison, oeufs, jambon, etc, et moi je teste la soupe du jour (choux de bruxelles + cumin, étonnamment bon).

Nous décollons pour le lac Mytvan vers 12h30, et nous nous arrêtons en chemin aux chutes de Godafoss ou « chute des Dieux » : l’histoire raconte qu’en l’an 1000, les chefs de clan décident de renoncer à la religion scandinave des origines pour se convertir au christianisme, et font le geste de jeter dans cette cascade les effigies de leurs dieux nordiques devenus païens. Chutes pas très hautes mais larges, pas mal sans plus.

Arrivés vers 14h à Mytvan, nous faisons le tour du lac en voiture à la recherche d’un hébergement : nous envisageons en effet un moment de prendre une chambre pour dormir dans un vrai lit, mais tout est complet, ou super moche, ou hors de prix (je suis tentée par des petites cabanes en bois rudimentaires sur une coulée de lave dans le camping où nous finissons par nous installer, mais c’est 200€ la nuit, pour 9 m², no way !).
Nous nous posons un moment, la météo a dit qu’il devait faire beau à partir de 16h, et effectivement à 16h, soleil ! Mais aussi vent, bordel… Mais soleil, c’est cool quand même !

Nous partons en vadrouille dans le coin. La région du lac Mytvan est une zone d’activité volcanique et géothermique assez intense.
Petit topo géologique : l’Islande est une île récente (20 millions d’années, contre 2 milliards d’années dans certains coins de France comme la Bretagne par ex), elle a pris naissance en un temps très court grâce à un volcanisme particulièrement actif. Elle se situe en effet à la jonction entre 2 plaques (nord-américaine et eurasienne), qui s’écartent à la vitesse de 2 cm par an, autrement dit, pile sur une immense fracture de l’écorce terrestre reliant l’océan glacial arctique à l’antarctique. Au cours des 2 derniers siècles, 30 volcans sont entrés en éruption.

A Mytvan donc, dans un périmètre assez limité, nous pouvons voir tout un tas de curiosités géologiques révélatrices de cette activité : des solfatares où l’eau bouillonne, des marmites de boue qui glougloutent, des collines d’où s’échappent des fumerolles, des coulées de lave encore chaudes, des cratères herbeux ou remplis d’eau, des centrales thermiques avec leur lagon bleu laiteux et leur réseau de pipelines, etc. Ici, la croûte terrestre est extrêmement fine et le magma n’est qu’à 3 km de la surface. Périodiquement, le sol de la région se soulève de quelques centimètres sous les poussées magmatiques.

Nous faisons le tour des différents sites : premier arrêt à Hverir, champ géothermique où il est conseillé de rester sur les sentiers balisés, tant les bords des nombreux bains bouillonnants sont instables ; puis nous traversons la centrale géothermique de Krafla avec ses énormes tuyaux enjambant la route, pour monter ensuite à Leirhnjukur, paysage lunaire recouvert par une coulée de lave datant de 1984, encore fumante par endroits ; et nous finissons par le cratère Viti, volcan en semi-activité, dont le fond est occupé par un lac vert laiteux.
Les paysages sont très impressionnants, et le soleil fait ressortir toute une palette de couleurs, allant du jaune au noir, en passant par le orange, le rouge, le vert, le bleu, etc. Et puis quasiment partout, cette odeur d’oeuf pourri, caractéristique du soufre (y compris dans les sanitaires, pas le plus sympa pour se doucher ou se laver les dents…).

Vers 20h, nous allons manger dans une ferme laitière qui fait resto, Vogafjos Cowshed, c’est chouette, nous mangeons avec vue sur le lac et nous voyons les vaches dans leur étable à travers une vitre. Nous testons la spécialité du coin, de l’omble chevalier fumé avec rugbraud (pain noir local cuit dans la lave), c’est bon, cela ressemble à de la truite fumée.

Nous en sortons vers 22h, il y a une magnifique lumière un peu rouge, un très beau « coucher » de soleil sur le lac, une atmosphère magique. Nous nous installons pour la nuit (cela prend toujours un peu de temps vu l’espace dont nous disposons), les garçons ayant bien dormi la nuit d’avant, nous gardons la même organisation (abnégation maternelle, vous notez ?), Liam en haut, Oscar à l’arrière, et j’essaie de me caler un peu différemment pour mieux dormir (je me mets en L, couchée sur le siège passager avec les jambes sur le siège conducteur).